Le questionnement que cela provoque...

Ce mode de consommation est inséparable de la réalisation matérielle ou intellectuelle de quelque chose. Les matériaux et substances consommés le sont en vue de faire advenir une construction qui n’existe pas encore et justifient l’usage et la dépense des éléments nécessaires à son existence. Qu’elle serve à créer une maison, une entreprise, une œuvre d’art… la consommation « projet » légitime l’exploitation de ressources pour augmenter une réalité, faire valoir une innovation, enrichir un patrimoine, protéger des êtres chers, etc... Ce qui prévaut dans ce mode, ce sont les intentions et les finalités, et non les matériaux même si leur utilisation demeure à certains égards critiquables.

La consommation projet synthétise en un seul mouvement les deux significations du terme « consommation » : c’est un accomplissement et une consumation. Rien ne peut séparer la finalité de l’usage et ce, quels que soient l’usage et la finalité. Aussi n’est-il pas étonnant que la consommation projet traverse les activités économiques, sociales, culturelles les plus diverses. De l’absorption de drogues pour réaliser une œuvre d’art jusqu’aux montages financiers pour créer une entreprise en passant par l’utilisation de produits interdits pour achever la construction d’une maison ou sauver une récolte, rien ne paraît échapper à la consommation projet pour le meilleur ou pour le pire. Est-il possible dans un tel mode de consommation de dissocier les moyens et les fins et comment y parvenir ?