Le cerveau : une machine à projeter.

C’est une avancée très importante des neurosciences: le cerveau est une machine à projeter, à construire des modèles et à anticiper. Donc la perception du monde de chacun est le fruit d’actions de nos systèmes cognitifs. Ainsi on ne peut envisager l’être humain et sa représentation du monde de manière séparée, puisque ils se coconstruisent en même temps.

Le Triomphe de l’Action.

Les Neurosciences cognitives ont complètement transformé notre conception du cerveau, par rapport à la réalité qui nous entoure, pour les raisons suivantes.

1. Pour les sciences cognitives toutes les mécanismes cérébraux sont des actions. A cet égard la perception, les émotions, l’imagination, par exemple, sont autant d’actions effectuées par le cerveau humain. Ce dernier ne se trouve jamais dans une situation de réception passive où il subirait l’influence d’un environnement extérieur. Dans cette optique le monde ne saurait constituer une réalité externe avec laquelle le cerveau devrait composer. En ce sens s’adapter à un environnement dont il faudrait comprendre les tenants et aboutissants indépendamment de l’activité cognitive peut aboutir à de fâcheux contresens !

2. Le cerveau se conçoit pour de nombreux spécialistes des sciences cognitives comme une machine biologique intentionnelle qui construit des modèles de représentation interne du monde par rapport auxquels il anticipe et fait évoluer ses actions.

3. Selon des auteurs célèbres comme Francisco J. Varela il est impossible de séparer le sujet et le monde, les deux se constituent simultanément, ils se co-construisent dans un processus cognitif incessant. Aussi faut-il considérer un organisme vivant, en général, et humain, en particulier, comme un système qui spécifie la production de ses composants et se maintient comme une organisation délimitée par une frontière réagissant aux perturbations externes. Cette frontière compense ces perturbations en faisant évoluer les processus internes du système. A la lumière d’une telle conception il est possible d’avancer l’hypothèse selon laquelle tout sujet possède un environnement propre qui se construit dans et par ses actions cognitives.

4. Toute action en direction de l’environnement constitue le sujet à même son corps puisque vivre c’est déjà connaître il n’y a pas lieu de distinguer la conscience du corps, il faut, au contraire considérer la cognition comme toujours incarnée. C’est pourquoi l’expérience du sujet est constitutive d’un monde vécu à travers les réseaux de neurones et toutes les fibres du corps. La connaissance est le résultat d’une interprétation permanente qui émerge de nos capacités de compréhension. Ces capacités s’enracinent dans les structures de notre corporéité biologique, mais elles sont vécues et éprouvées à l’intérieur d’un domaine d’action et d’histoire culturelles.

5. Le monde environnant est façonné par l’organisme autant que celui-ci est façonné par le monde. Les structures cognitives émergent de schèmes sensori-moteurs récurrents qui permettent à l’action d’être guidée par la perception. La conceptualisation, la catégorisation, émergent du couplage structurel avec l’environnement dans l’action.

6. Il existe une interface indissociable dans laquelle sujet et environnement sont liés par l’action ; la perception et la sensation étant des actions. Dans cette perspective la notion d’interaction ne renvoie pas à l’existence de sujets autonomes qui entrent en relation dans un monde qui leur est extérieur. Chaque sujet fabrique un monde et il faut faire s’accorder ces mondes.

Selon une perspective, partagée par de nombreux neuroscientifiques, le cerveau humain a cessé d’être un miroir du monde parce qu’il construit ce monde. C’est le triomphe de l’action.

Pour conclure :
On ne peut donc envisager l’homme-sujet séparé de sa représentation du monde. La cognition doit se penser de manière incarnée. Puisque le monde est le fruit d’une construction du cerveau, cela pose l’action au cœur du système.

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