Pour prolonger la réflexion quelques clarifications sur la notion d’Agentivité.
1. L’agentivité est une condition nécessaire mais non suffisante pour exercer une activité sociale ou professionnelle. Ce concept ne possède aucune vertu en lui-même, il dépend d’un environnement.
2. « Se sentir auteur de ses actions » désigne simultanément un sentiment subjectif et une dimension sociale objectivable.
3. La part de subjectivité de l’agentivité renvoie aussi bien à la position qu’un être humain croit occuper dans un espace social, qu’à la maîtrise qu’il pense posséder dans la réalisation de ses objectifs et l’exécution de ses tâches.
4. La part d’objectivité de l’agentivité s’observe, d’une part, dans les liaisons visibles qu’un acteur socioprofessionnel entretient avec les fruits de sa production, d’autre part, dans les interactions qu’il développe à partir de son activité propre.
5. Dans certaines situations socioprofessionnelles les dimensions subjectives et objectives de l’agentivité peuvent se trouver mêlées. Ainsi la reconnaissance de l’expertise d’un acteur par ses pairs comporte une part subjective où prédominent des relations affinitaires, mais elle se fonde également sur des contributions, des transactions objectivables qui s’inscrivent dans un cadre organisationnel ou institutionnel.
6. Comme pour tout concept, l’usage abusif, inconditionnel, de la notion d’agentivité génère des effets pervers. En effet « se sentir auteur de ses actions », inconsidérément, conduit à des stratégies cognitives, égocentrées, dévastatrices dans lesquelles certains êtres humains se prennent pour des Dieux.
7. L’agentivité ne se vit, ne se voit, ne se comprend, qu’en fonction d’un contexte social que l’on est capable de décrire et de qualifier.
