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Peut-on imaginer un monde sans diables ?

L’urgence écologique amène certains à prôner un changement profond du comportement humain. Mais n’est-ce pas utopique ? Ou empreint d’une vision idéalisée de l’homme ? Et si c’est le cas, n’est-ce donc pas une illusion vouée à l’échec ? Ne devrait-on pas plutôt s’allier à des diables par soucis d’efficacité stratégique ?

Ecologie : Pactiser avec les Diables.

Selon de nombreux observateurs le temps presse pour le genre humain s’il veut assurer sa survie dans un environnement qu’il aura contribué à rééquilibrer. Si le temps presse il faut se défaire de certaines illusions dont l’usage permet aux êtres humains d’accumuler les manœuvres dilatoires et de légitimer l’inertie des comportements et des institutions. Ces illusions se réfèrent très souvent à la croyance en un génie de l’espèce humaine ayant toujours su se tirer de tous les mauvais pas et qui, cette fois encore, saura trouver les moyens d’affronter et de surmonter les périls dus à la crise climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Or ce qui se dresse devant nous est très facile à identifier et à comprendre, il s’agit de la capacité de charge de notre environnement, c’est à dire de la taille maximale de la population d’êtres humains que la terre (notre milieu naturel) est en mesure de supporter en fonction de nos modes de production et de consommation. Or cette capacité de charge est désormais dépassée.

1. Le mythe d’une révolution anthropologique.

Comme cela a déjà été indiqué dans d’autres articles (Cf. Les agencements) les incantations et les appels à une conscience universelle des enjeux écologiques, même par la voix d’éminents scientifiques, repose sur une ignorance de quelques traits fondamentaux de l’espèce humaine. Il n’y a strictement aucune chance que le genre humain puisse se convertir rapidement à une cause commune nécessaire à sa survie. De multiples facteurs expliquent les difficultés qu’éprouvent les êtres humains à changer de référentiel, de point de vue, ainsi qu’à se délester facilement des schèmes mentaux et comportementaux qui conditionnent leur mode de vie. Si l’on abandonne le mythe d’une transformation de l’homme par lui-même face aux dangers qui le menacent, si, de surcroît, les délais sont trop courts pour éviter la spirale infernale de la destruction de son environnement naturel, on peut admettre que les stratégies de mobilisation générale présentent des limites insurmontables. Qu’elles soient pour la défense des grands équilibres de la planète ou contre les climatosceptiques et les cyniques, ces stratégies sont, à la fois inadaptées et beaucoup trop lentes.

2. Des stratégies d’alliances offensives.

Quels que soient les avancées et les succès de la défense de l’écologie, il est certain que les marchés financiers, qui permettent et accélèrent la mondialisation des échanges; ne vont pas disparaître. Dès lors, il serait peut-être judicieux de les associer à la défense de l’environnement à partir de leurs valeurs et de leur mode de fonctionnement.

2.1 Le pacte avec un premier diable.

Les marchés financiers, les fonds de pension, sont guidés par le profit, certains d’entre eux s’orientent, d’ores et déjà, vers le développement durable et les énergies renouvelables qu’ils jugent, à court terme, plus rentables que l’exploitation des énergies fossiles. Aussi encouragent-ils les entreprises et les institutions à faire des choix en faveur de l’écologie pour des motifs économiques et financiers. Plutôt que de dénoncer les marchés financiers comme la plaie de l’humanité, il serait plus intéressant de réfléchir à la manière dont on peut les associer davantage à la cause écologique en se servant de leur logique de fonctionnement et de leur gigantesque puissance d’intervention et de régulation.

2.2 Le pacte avec un second diable.

Outre les puissances financières, les états font l’objet de critiques sévères et justifiées quant à leur inertie dans l’abord et le traitement des enjeux écologiques. De conférences internationales en manœuvres dilatoires les états n’ont eu de cesse de repousser les décisions indispensables à la préservation de l’environnement naturel et à la survie de l’espèce humaine. Les administrations des états sont accusées, à juste titre, de freiner toutes les initiatives en faveur de l’écologie par la lourdeur des procédures qu’elles produisent. Mais certains états, poussés par les citoyens, sont susceptibles de changer de politique ; le savoir- faire et la technicité de l’administration deviennent alors indispensables pour un gouvernement œuvrant pour l’écologie. Apprendre à s’allier et à travailler avec les forces administratives apparaît alors comme une nécessité si l’on veut accélérer les processus de décision

L’urgence des actions écologiques conduit à renoncer aux mobilisations générales prônant la mutation radicale des comportements humains. Elle oblige également à ne pas s’exténuer dans la dénonciation incessante d’adversaires qui peuvent s’avérer très utiles…Bref il s’agit de faire preuve de stratégie. Sur les deux diables évoqués, les analyses de Paul Jorion et Vincent Burnand-Galpin sont éclairantes. « Comment Sauver le Genre Humain ».

Pour conclure :
Agir, plutôt que de se complaindre. Agir pour l’émergence de nouveaux milieux plus écologiques et plus responsables nous semble être plus efficace que de se battre contre les systèmes en place. Et dans cette action, toute bonne volonté, quel qu’en soit l’origine, est bienvenue.

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