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Théories sur l’émotion

Depuis quelques années, l’émotion a pris une place importante dans les parcours de formation ou dans l’accompagnement des collectifs. Mais comment peut-on la caractériser? Didier Naud nous aide à mieux la définir.

Émotion

Pendant une longue période deux théories de l’émotion ont alimenté réflexions et expérimentations en psychologie et dans les neurosciences.

 La première dite théorie de James-Lange prétendait que l’émotion traduit la réponse aux modifications physiologiques qui interviennent dans le corps. Par exemple, on est triste parce que l’on pleure, plutôt que l’on pleure parce que l’on est triste. Selon cette théorie les systèmes sensoriels transmettent au cerveau des informations sur les conditions dans lesquelles nous nous trouvons et le cerveau envoie en retour des messages au corps modifiant son métabolisme et son activité (accélération du rythme cardiaque, modification du tonus musculaire, etc.). Les systèmes sensoriels réagissent alors aux modifications ordonnées par le cerveau et c’est cette sensation qui constitue l’émotion.

Quelques dizaines d’années plus tard (1927) la théorie de Cannon-Bard vint contester les fondements de celle de James-Lange en affirmant que l’expérience émotionnelle pouvait intervenir indépendamment de l’expression émotionnelle. L’hypothèse fondamentale de la théorie consiste à dire que les émotions peuvent être ressenties sans percevoir de modifications physiologiques. Cannon, brillant physiologiste, observait qu’il n’y a pas de corrélation fiable entre l’expérience de l’émotion et l’état physiologique dans lequel se trouve le corps (par exemple le rythme cardiaque s’accélère avec des émotions aussi différentes que la peur et la colère).

Depuis de nombreuses études ont été menées, elles ont montré les forces et les faiblesses de ces deux théories mais aussi révélé l’existence de processus émotionnels inconscients.

Les neurosciences contemporaines accordent une grande importance au système limbique dans la production et le contrôle des émotions même s’il est difficile, aujourd’hui, de tenter de définir un seul système engagé dans le contrôle des processus émotionnels.

[Le système limbique est un ensemble de structures anatomiques interconnectées, pratiquement enroulées autour du tronc cérébral. Ce système comprend l’hippocampe. Comme nombre de ces structures sont impliquées dans les processus émotionnels, on peut parler d’un système de l’émotion en référence au système limbique bien que les émotions soient aussi liées à d’autres structures et fonctions cérébrales.]

Pour un certain courant des neurosciences actuelles les émotions sont au fondement de nos raisonnements et de nos actions (Berthoz ; Damasio ; Ledoux…), elles constituent le moyen naturel pour le cerveau d’évaluer l’environnement à l’intérieur et hors de l’organisme et de répondre de façon adéquate. Cette évaluation implique des informations sensorielles qui font intervenir des structures nerveuses situées sous le cortex cérébral (cf. Joseph Ledoux et le rôle de l’amygdale) et constituent, pour une large part, une mémoire émotionnelle inconsciente.

Un éminent représentant de ce courant (Antonio Damasio) a proposé une définition de l’émotion en cinq points.

  1. Une émotion est une collection complète de réponses chimiques et neurales formant une structure distinctive.
  2. Les réponses sont produites par le cerveau lorsqu’il détecte un stimulus émotionnellement compétent (événement, souvenir, objet, déclenchant l’émotion). Les réponses sont automatiques.
  3. Le cerveau est préparé par l’évolution et l’expérience vécue à répondre aux stimuli émotionnellement compétents selon des répertoires d’action.
  4. Le résultat immédiat de ces réponses est un changement temporaire de l’état du corps propre (le corps agissant lui-même ; projet moteur ; intentionnalité motrice) et dans celui des structures cérébrales qui forment la carte du corps et sous-tendent la pensée.
  5. Le résultat final de ces réponses, directement ou indirectement, est de placer l’organisme dans des circonstances contribuant à sa survie et à son bien-être (cf. Antonio Damasio. Spinoza avait raison)

Pour conclure :
Les derniers apports des sciences cognitives nous montrent toute la place de l’émotion dans notre système de réflexion. Chez O3A, nous cherchons à vous faire vivre le plus possible d’expériences sous forme d’évènements. Car toutes nos pensées, même les plus abstraites, sont liées à une émotion ou à un sentiment.

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