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réflexions autour du concept d’intention

Lorsque nous faisons action de consommer, nous le faisons avec des intentions. Mais comment les définir? Sont-elles toujours conscientes? Existent-elles collectivement? Didier Naud nous partage son analyse depuis un angle philosophique et des sciences cognitives.

l’intentionnalité

  1. L’intention désigne un simple comportement au sein d’une action, en ce sens on dit qu’un individu a agi intentionnellement. Il s’agit d’un usage adverbial du terme intention.
  2. L’intention se réfère à un état psychique (l’intention d’agir). L’usage du terme est alors substantif.
  3. L’intention se rapporte à une finalité, elle s’interprète en termes téléologiques comme dans le cas où l’on dit que l’on agit avec une intention.

Selon les liens que l’on établit entre l’intention et l’action, on se réfèrera à l’une de ces trois significations qui diffèrent tant d’un point de vue cognitif que comportemental.

La question qui est posée par rapport aux différentes significations du concept d’intention consiste à déterminer si nous agissons toujours intentionnellement ou si nos actions reflètent nos intentions.

  • L’Intention collective peut se comprendre comme le fait que les membres d’un groupe participent à un même projet ou visent le même but et que chacun des membres a conscience d’agir en fonction du groupe.

             Cette approche de l’intention collective repose entièrement sur la possibilité d’expliquer les actions collectives en termes des seules                   actions conjointes de ses membres.

  • L’intention collective peut réclamer plus que des actions conjointes et des croyances mutuelles et exiger davantage qu’une somme d’intentions singulières dirigées vers un même but. Selon cette perspective la présence de l’autre est première dans une intention collective, autrement dit la reconnaissance d’autres sujets et l’hypothèse d’une intersubjectivité, d’un processus d’intercompréhension, conditionnent les intentions singulières, elles n’en résultent pas.
  • Il est possible d’admettre que les propriétés intentionnelles sont en partie déterminées par des facteurs physiques et sociaux extérieurs à l’action.

Le débat sur l’intention collective remet en lumière l’opposition entre l’individualisme méthodologique qui voit dans tout phénomène collectif la somme ou la combinaison d’actions individuelles et le holisme méthodologique qui pose d’abord l’existence de relations et d’interactions globales

D’un point de vue cognitif l’intentionnalité est la possibilité de certains états mentaux de se référer à des objets, situations et événements de l’environnement.

L’intentionnalité implique la possibilité de se référer à un objet sous un certain aspect ou sous un mode de présentation, par exemple : un objet coupant. Le cerveau ou l’esprit humain produit des objets intentionnels qui ne sont pas des objets physiques puisqu’ils correspondent à des projections, à des modélisations. C’est pourquoi une intention d’action n’est qu’un cas particulier d’intentionnalité.

L’intentionnalité a partie liée avec les croyances, les désirs, les attitudes propositionnelles (cf. L’ontologie) qui expriment et orientent nos représentations des objets.

D’un point de vue phénoménologique l’intentionnalité est une relation qui fait intervenir un sujet, un acte, un contenu et un objet. On peut ainsi rendre compte à la fois de ce qui est commun à tous les actes mentaux – tous ont un contenu – et de ce qui est distinctif des actes cognitifs réussis – à leur contenu correspond un objet.

Les discussions sur l’intentionnalité, notamment dans les sciences cognitives, tournent autour du fait que ce concept est la marque du mental. En effet l’intentionnalité, pour certains, montrerait une irréductibilité par rapport à la dimension physique, neuronale. Cette irréductibilité est fortement contestée par certains neuro-cognitivistes qui prétendent la naturaliser.

  • Si l’Intentionnalité traduit la propriété qu’ont les états mentaux de représenter des états de choses du monde, qu’ils soient réalisés ou non, il faut cependant considérer que bien des formes d’intentionnalité sont liées à la perception et à l’action. Or ces formes ne sont pas nécessairement conscientes, ce qui conduit à réévaluer le concept de représentation.
  • Au sein des sciences cognitives le concept d’intentionnalité est souvent tenu pour indépendant de toute prise de conscience d’un contenu de pensée. Un certain nombre de chercheurs ont entrepris de naturaliser l’intentionnalité c’est-à-dire d’en donner une explication causale acceptable.
  • Dès lors la naturalisation de l’intentionnalité peut consister à identifier la capacité représentationnelle de certains états du cerveau à une fonction particulière que ceux-ci ont acquise sur la base des relations qu’ils permettent d’établir avec des états de choses extérieurs.
  • Dans certaines démarches de naturalisation l’intentionnalité n’est plus liée à une représentation consciente des objets ou événements du monde, elle correspond à une certaine fonction cérébrale qui a été sélectionnée dans ses rapports de contrôle avec l’environnement extérieur. Ainsi nombre de perceptions et d’actions sont dites intentionnelles sans qu’une représentation mentale, consciente, des objets du monde n’intervienne.

Pour conclure :
Soumettre à la réflexion et à l’analyse nos intentions est une des étapes de la consommation raisonnée.

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